Technique


Monday, April 26, 2010

Un gros projet...

C'était un après-midi en janvier 2009... Je suis allée prendre un café avec mon ami, Marc Chouinard, le directeur général du superbe Théâtre Capitol de Moncton. J'ai la chance de côtoyer Marc dans plusieurs projets de spectacles - il m'a en quelque sorte vu grandir comme artiste et de temps à autre, on s'appelle et on se donne rendez-vous pour une heure ou deux de jasette. J'ai beaucoup appris grâce à ces rencontres.
Alors... à la fin d'un de nos cafés, il m'a dit: "Alors... est-ce que je place un spectacle solo de Monique Poirier dans ma programmation 2009-2010 ?". Ça faisait déjà quelques fois que Marc me tendait la perche, les autres années, pour plusieurs raisons (et pour le même nombre d'excuses...), je m'entendais lui répondre que je n'étais pas prête, que le temps n'était pas le bon... mais cet après-midi là, en janvier 2009, j'ai dit oui. Et puis là, je me suis demandée si j'avais complètement perdu la tête ! (en fait, c'est ma bébitte qui m'a crié ça... j'ai simplement écouté...).

Je mijote donc ce projet de spectacle depuis un bout de temps maintenant. Il me semble que ce n'était qu'hier... mais là, je me retrouve devant mon calendrier, mes listes de "post-its" de choses à faire... et 20 jours avant le soir du spectacle.  Les chansons sont choisies, les arrangements sont faits, le travail avance..., il y a même une équipe de gens qui collaborent à ce projet à plein de niveaux - je suis loin d'être seule... mais pour une raison quelconque, ça me semble tellement "gros" et plus le temps passe, plus la bébitte crie, rouspète et chiale ! Ça prend de l'énergie ! Tellement que par moment, c'est elle, la bébitte, qui gagne et là... je panique, je fais une mini crise d'anxiété et puis je finis par pleurer pour quelques minutes ! Mais j'ai une amie qui m'a dit que les larmes finissent par noyer nos bébittes !!! Ah-ha !!! C'est pour ça qu'on se sent mieux après avoir pleuré un peu ! Révélation !!

C'est vrai que ça me semble "gros", ce projet. En fait, "gros" c'est relatif. On a tous nos "gros projets".. et peu importe l'ampleur, ils sont tous "importants". J'ai une amie qui se lance présentement dans une toute nouvelle direction de carrière - c'est un gros projet pour elle, "gros" parce que ça lui demande de se lancer dans le vide, de se rendre vulnérable. Pour d'autres gens, un "gros" projet, ça peut être de s'inscrire à un cours de danse ou de cuisine... le défi ne se trouve pas nécessairement dans la recette ou la chorégraphie, mais plutôt, dans le fait de se donner la permission de se remettre en priorité ou de faire quelque chose pour soi-même.
Il se semble qu'on devrait toujours avoir un "gros" projet - et quand on le réalise, on devrait s'en créer un prochain, et un autre, et un autre... C'est ce qui fait que la vie soit aussi riche et extraordinaire - se donner le plus d'occasions possible pour grandir, pour apprendre, pour se dépasser. 

Dans mon cas à moi, ce n'est pas "le spectacle" qui soit "gros", mais plutôt la décision d'avancer concrètement dans une direction qui me semble "la bonne" pour moi. Si je travaille aussi fort, ce n'est pas pour présenter un spectacle, c'est pour grandir comme artiste (et inévitablement, comme personne...).


Alors... à 20 jours du spectacle, je prends quelques minutes pour me rappeler ce café avec mon ami Marc...et je me dis que si j'ai eu l'instinct de lui répondre "oui !", c'était bien pour une raison: j'avais besoin d'un "gros projet" ! Et malgré le fait que tout de suite, ça me semble effrayant, je vais continuer à avancer vers tout ça - en tentant d'effouairer ma bébitte !

Saturday, April 17, 2010

Samedi - le printemps de la semaine !

Samedi matin...
Si la semaine au complet était le portrait d'une année - je crois que le samedi serait l'équivalent du printemps ! Pourtant, mon travail fait en sorte que les jours de la semaine se ressemblent tous. Honnêtement, il n'y a pas de grandes différences entre mon mercredi et mon dimanche - ce sont deux journées pendant lesquelles je dois "travailler"... (j'y reviendrai dans un prochain blogue sûrement !!), mais le samedi matin..., j'ai l'impression de vivre "une belle sorte de printemps".

Le samedi matin, c'est un moment plus tranquille. Même si j'ai beaucoup de travail, même si j'ai plein de rendez-vous, même si c'est le jour de départ d'une tournée... peu importe, il y a toujours les heures magiques du samedi matin. C'est comme si... (là.. je risque de sonner un peu folle... et ma bébitte va avoir bein des choses à dire sur ce que je me prépare à écrire... mais bon...), c'est comme si le samedi matin, notre subconscient s'en allait dans un spa se faire masser, se faire dorloter et en sortant de là, le bouton "reset" est bien enfoncé.. et là, notre cerveau nous dit: "ah.... le samedi matin, c'est comme le printemps".
Me suivez-vous ???

(Ma bébitte: "C'est pas ton subconscient qui est parti au spa, c'est ton intelligence...pi elle a décidé de ne pas revenir... bravo...")

(Pour ceux et celles qui ont appris à connaître leur bébitte à eux aussi, sachez que je viens de faire le geste PHYSIQUE nécessaire: j'ai pris ma main droite et j'ai donné un grand coup à mon épaule gauche pour "effouairer" ma bébitte...!! Elle va revenir dans qu'ques minutes.. mais en attendant, je continue !!!)

Alors voilà !
Le samedi matin, c'est le printemps !
Et ce samedi matin, c'est le VRAI printemps ! Je suis assise à la fenêtre et je vois des pêcheurs installés le long de la rivière, les arbres bourgeonnent, le ciel est gris, les champs sont bruns, mais on voit des petites pousses de verdure qui se pointent le nez à travers les feuilles mortes... C'est la nature qui se réveille ! C'est merveilleux ! Et ça donne le goût de "recommencer".

C'est souvent le samedi matin que je m'installe avec mon café et un des mes livres de "printemps". Ce sont des livres qui m'inspirent... des livres conçus (selon moi) pour tuer toutes les bébittes ! J'ai passé plusieurs samedi matins à lire: Simple Abundance... Le pouvoir du moment présent... The Artist's Way... Walking in this World... The Sound of Paper... Nouvelle Terre... Le petit prince... (ma liste de "livres du samedi matin" est sur un vieux Post It dans mon bureau !! Étonnés ??!! - et sur cette même liste là, il y a d'autres livres à lire.. des recommandations d'amis...)
Le samedi matin, c'est ça... c'est le temps de découvrir de nouvelles façons de se faire du bien !

Ce matin, plutôt que de lire dans un de mes livres du samedi, je me fais du bien avec des chansons. J'ai reçu des chansons d'un parolier qui selon moi, a des textes qui cadrent très bien avec ma petite définition du samedi matin. Ce sont des textes qui font du bien, des textes qui proposent de belles réflexions, des textes qui nous apportent aussi loin qu'on a le goût d'aller...
Hier soir, François et moi avons travaillé "notre version" de la chanson "Combien je t'aime" de Louis-Marie Mathieu. La musique de cette chanson a été composée par Danny Boudreau. Louis-Marie et Danny collaborent souvent à la création de chansons et le résultat de leur travail est inspirant ! Bon texte, bonne mélodie... et avec l'arrangement de François, le résultat est "une chanson de samedi matin" ! Ah !! Ça tombe bien !!! Mon spectacle du 15 mai, c'est un SAMEDI !
Ça doit être un signe !!

Wednesday, April 14, 2010

Quand le temps prend son temps

J'habite sur le bord de la rivière Cocagne. Devant ma maison, il y a deux vieux piliers d'un ancien pont couvert. Aujourd'hui, ces piliers-là ont presque l'allure de vieilles ruines qu'on voit surtout en Europe. C'est très poétique !

Le pont couvert a été détruit il y a plus de 30 ans. J'ai des souvenirs de ce pont... je me souviens que mon père klaxonnait lorsqu'on passait dessous... et ça résonnait fort ! J'ai vu plusieurs vieilles photos de mon p'tit coin, Notre-Dame-de-Kent... des photos de vieilles maisons, de chemins de terre, d'une église de bois...des photos qui donnent le goût de retourner dans le temps. Mais les photos qui me donnent vraiment le goût de retourner en arrière, ce sont celles de mes grands-parents. Je n'ai qu'à regarder ces photos et j'ai l'impression de connaître un monde complètement différent du mien. L'époque des chandelles et des fanals (oui oui, des fanaux!! j'sais bein, mais ça sonne mieux quand on dit fanals !!! ha ha)... des chevaux et des calèches... des fermes et du pain maison...une époque pendant laquelle le temps prenait son temps.

Ma grand-mère maternelle était enseignante. J'ai toujours aimé qu'on me raconte les années pendant lesquelles il fallait aller à la petite école de bois tôt le matin et allumer le poêle... J'aime imaginer les quelques rangées de pupitres de bois, le gros tableau et la craie blanche, les petites ardoises sur lesquelles les élèves faisaient leurs devoirs...

Et les vieilles maisons... ici, à Notre-Dame, on en voit encore qui ont à peine été retouchées et qui abritent sans doute des esprits intéressants. Des vieilles maisons faites de bardeaux avec des galeries qui les enveloppent et des fleurs partout. J'aime imaginer des grands-mères qui se berçaient sur la galerie, des femmes qui prenaient un thé et qui échangeaient des recettes ou qui questionnaient le dernier sermon du prêtre !

Combien de fois ai-je imaginé des jeunes filles assises à leur petite table illuminée par une chandelle en train d'écrire dans un journal avec un stylo et un petit encrier... À quoi rêvaient-elles ? De quoi avaient-elles envie ? De quoi avaient-elles peur ? Aujourd'hui, je me demande si on prend même le temps de réfléchir à tout ça... On inscrit plutôt "rêves intéressants" dans notre moteur de recherche internet et on laisse les autres nous dicter ce à quoi on devrait rêver.

Bien que j'aime bien ma vie à moi... j'aimerais pouvoir faire comme dans les films, dire une formule magique et me retrouver...j'sais pas...en 1922... juste pour une journée... juste pour voir...

À défaut de pouvoir faire ça, j'ai trouvé une chanson qui me permet de plonger un peu dans un monde qui existait avant le mien, mais qui fait quand même partie de qui je suis aujourd'hui.

J'ai toujours aimé l'écriture de Ronald Bourgeois et cette habileté qu'il a d'écrire des chansons qui ressemblent un peu à des scénarios de films. Quand j'ai parlé de mon projet de spectacle/album à Ronald, il m'a proposé quelques chansons dont quelques-unes qui étaient encore "en chantier". Il m'a donné la permission de me laisser inspirer par tout ça et voir si j'avais le goût d'ajouter mes mots et mes images. Le résultat est une chanson qui s'appelle "Le temps qui s'arrête".
En la chantant, je revois les deux photos de mes grands-parents...en couleur.

Tuesday, April 13, 2010

Aujourd'hui ? Demain ?? ... Un lundi matin en 1988


Aujourd'hui, j'ai été invitée à me rendre à mon école secondaire afin de participer à une table ronde qui avait comme but de présenter quelques "anciens et anciennes" de l'école. Les élèves avaient préparé cinq questions auxquelles chaque invité devait répondre. J'ai eu à répondre à la question suivante: "Que retiens-tu le plus de tes années à l'école ?".

C'est une grande question. Que répondrais-tu, toi ? Pour moi, malgré le fait que j'aie plusieurs beaux souvenirs de mes années à l'école, mon "moment marquant" et il est clair, a eu lieu un lundi matin en 1988.

Mon enseignant, "Monsieur Gérard" avait commencé le premier cours de la journée en allant au tableau et en écrivant: "Aujourd'hui, c'est le premier jour du reste de ta vie". Si je ne me souviens pas du tout du reste de cette journée-là, c'est que j'ai sans doute passé toutes les minutes de chaque cours à réfléchir à cette superbe phrase. C'est comme si quelqu'un avait ouvert plein de fenêtres et de portes !

Quel cadeau extraordinaire ! La possibilité de recommencer à neuf à chaque matin, se ré-inventer, se donner "une deuxième chance", relever un nouveau défi...relever PLEIN de nouveaux défis !!!
Je crois que ma passion des "listes" a commencé à peu près au même moment que Monsieur Gérard a écrit "la phrase" au tableau. Des listes. Ah... mais pas n'importe lesquelles !! Des listes importantes... du genre tout ce que je veux faire avant de mourir ou encore, des listes de projets de rénovations, des listes de choses à faire, des listes d'épicerie, de livres à lire, de chansons à apprendre, de recettes à essayer... bref, je suis sans doute une des clientes les plus fidèles des produits "Post It" ! Au moment où j'écris ce blogue, il y a une 40aine de petites notes jaunes devant moi... des listes !

Cette habitude (pour ne pas dire obsession !) des listes et surtout, le souvenir marquant de la phrase de "Monsieur Gérard" ont été la source d'inspiration d'une chanson que j'ai écrite il y a quelques années. J'aurais pu l'intituler "Aujourd'hui".... mais comme j'ai tendance à remettre plein de choses à la dernière minute (par exemple, je me suis dit que cette année, 2010, était l'année pendant laquelle j'allais finalement me remettre en forme, établir une routine de conditionnement physique, etc... - il me reste 8 mois !!!)... qu'est-ce que je disais ?? Ah oui.. comme j'ai cette manie de travailler un peu sous pression et d'attendre un peu à la dernière minute, j'ai intitulé ma chanson "Demain". En fait, je l'ai écrite pour me rappeler un peu de ne pas me prendre trop trop au sérieux dans toute ma folie de listes et d'objectifs... d'y aller plutôt un jour à la fois.
Ce sont mes amies Patricia Richard et Isabelle Thériault qui ont composé la musique de cette chanson-là.

Liste pour la journée de demain:
  • retourner le rateau que j'ai acheté à la quincaillerie
  • ne pas mettre autant de sucre dans mon café
  • appeler ma mère
  • jouer du ukulele
  • continuer à nettoyer la cour
  • manger plus lentement
  • décider quelles chansons intégrer dans un numéro spécial du spectacle que je prépare
  • penser à "Monsieur Gérard"...
Demain, c'est le premier jour du reste de ma vie !!!
Y faut que j'aille m'acheter d'autres "Post Its" !!!

Saturday, April 3, 2010

Un matin - au paradis































On est le 3 avril et je suis sur la galerie de la maison... sans manteau, sans gros chandail de laine...le vent est doux, la neige est à peu près toute partie, la rivière est complètement dégelée...le café est encore plus bon que d'habitude!

Depuis tôt ce matin, on entend chanter les oiseaux - des sons qu'on a appris à reconnaître, même à identifier, mais plus les jours passent, plus il y a de visite qui arrive. Hier après midi, on a trouvé un pic chevelu (un pic bois) qui s'était assomé contre la fenêtre et qui gisait sur la galerie. J'étais certaine que c'était fini..une question de secondes et il serait mort... 5 minutes.. 10 minutes plus tard, il était encore là, il respirait encore (et pi moi j'pleurais comme une bonne... pas capable de faire quoique ce soit...). Après un bon 15 minutes, il s'est relevé !!! Il ne bougeait pas beaucoup encore, visiblement affaibli, mais il avait réussi à se relever et était sur ses deux pattes. Quelques minutes plus tard, il a réussi à voler jusque sur la rampe de la galerie - et peu de temps après, il s'est envolé vers les grands arbres, près de la maison. Il volait bien, comme avant ! Alors... en cette fin de semaine de Pâques.. je me suis dit qu'on a été témoins d'une résurrection ! Le pic bois est vivant !

Chaque matin propose un spectacle différent, ici. Les oiseaux, les chevreuils, les ratons-laveurs, les castors, les canards, les aigles, les hiboux..si on sait s'arrêter un peu, ils finissent par se pointer le nez. Ces temps-ci, la terre dégèle, ça sent "le printemps" et c'est extraordinaire. (j'attends justement qu'un lavage finisse.. j'vais étendre les draps sur la corde à linge !!!) - pas besoin des penthouse des grands hotêls... ya rien comme dormir dans des draps qui ont battu au vent toute une journée !

Le paradis ! J'imagine qu'on a tous notre version de ce que ça représente pour nous. Pour moi, c'est simple: c'est ici. La rivière, la nature, la tranquilité... et aussi (surtout), le fait que ma famille soit là - tout près. Mes parents, ma soeur, mon neveu, ma nièce, ma grand-mère...ils sont tous à 2-3 minutes de voiture ou à 15-20 minutes de marche.

Évidemment, chanter tout ça... cette notion de paradis et ce que ça représente pour moi, c'est plus fort que moi ! Quand j'ai reçu une proposition de chanson de mon ami Christian Kit Goguen qui s'appelait "Parler de paradis", ça n'a pas été long avant que je comprenne qu'elle ferait dorénavant partie de mon univers. Kit m'a donné la liberté de transformer des petits bouts de la chanson afin qu'elle soit encore plus près de ma réalité - ça, c'est un beau cadeau. Collaborer avec un ami comme ça, c'est tellement enrichissant et constructif. Ya pas de cours ou de livre qui puisse remplacer ça.

Quand je chante "Parler de paradis" - ce n'est pas une suite de mots et de phrases que j'ai eu à apprendre par coeur, c'est tout simplement une vérité, une description de tout ce qui m'entoure et qui me rend heureuse.